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20
Déc 2013

Nous avons testé: les nouveaux abribus interactifs de la STM

Nous avons testé: les nouveaux abribus interactifs de la STM

Depuis quelques semaines, nous avons vu l’apparition de nouveaux abribus un peu partout dans les rues de Montréal. Ils sont neufs, ils sont beaux, mais surtout, ils sont interactifs. Nous avons testé pour vous les aspects de communication, de gestuelle et d’ergonomie de ces écrans de 84 po dotés de caméras à reconnaissance gestuelle qui ont été développés par Numérix 3D en partenariat avec Québécor Média et la STM.

Vous est-il déjà arrivé d’attendre l’autobus à -20 °C sans savoir quand sera le prochain passage? Ou encore, vous est-il déjà arrivé de descendre de l’autobus et ne pas savoir dans quelle direction marcher? Cette expérience liée aux transports en commun est maintenant chose du passé, du moins, en ce qui a trait à quelques dizaines d’arrêts sur le réseau de la STM. Les nouveaux abribus affichent maintenant les prochains passages des autobus, la météo, la carte des environs, les actualités et, évidemment, des publicités interactives.

À nos yeux, les nouveaux abribus numériques sont une très bonne initiative. Mais malheureusement, ils souffrent des habitudes d’usage qui restent ancrées chez les passagers. Après quelques observations sur le terrain, nous avons constaté que très peu de passagers interagissent avec l’écran. Ils se trouvent soit à l’intérieur de l’abri, soit en file derrière un arrêt, de sorte qu’ils ont davantage une vue sur le panneau publicitaire à l’intérieur, plutôt que sur l’écran qui se trouve sur la face opposée.

Par ailleurs, nous avons réalisé que la plupart des passagers ne savent pas que ces écrans sont interactifs. Beaucoup nous observaient avec curiosité alors que nous faisions nos premiers pas avec l’interface, les bras en l’air et le visage sérieux. L’intérêt, pour leur part, était bien présent, mais vont-ils l’utiliser une prochaine fois?

Voici en quelques points nos observations :

Les bons coups

L’hiver, ça fonctionne!

Pas besoin d’enlever ses gants. Avec l’écran à reconnaissance gestuelle, nous pouvons interagir, peu importe notre façon d’être vêtus, et ce, même à -40 °C.

Des informations indispensables

L’heure, les prochains passages, la carte du quartier. Qui n’en a pas besoin?

Faible courbe d’apprentissage

D’après nos observations, il semble facile d’apprendre à interagir avec l’écran, qui répond aux gestes faits avec le bras afin de faire bouger un gigantesque curseur de souris. Mais attention, il faut être à la bonne distance et il ne faut surtout pas s’amasser entre amis autour de l’écran, sans quoi le système a du mal à déterminer qui dirige!

La publicité interactive

Elle a l’avantage de capter l’attention et de distraire quand on attend! Cela dit, nous avons hâte de voir comment les publicitaires parviendront à repousser les limites du médium pour rendre les interactions encore plus intéressantes. Nous avons tout de suite pensé aux publicités de La Presse+.

Le géociblage

Quoi de plus intéressant que de découvrir des événements culturels à proximité ou d’apprendre que le musée à deux coins de rue offre des entrées gratuites pour la journée. Nous n’avons pas pu observer des informations géociblées lors de nos essais, mais le concept n’en reste pas moins très prometteur!

Quelques points à améliorer

Manque de guidage

À nos yeux, il est difficile de savoir que l’écran est interactif sans s’approcher suffisamment pour déclencher l’animation. Il nous semble peu probable qu’une personne décide de s’approcher autant si elle n’a pas déjà l’intention d’interagir avec l’écran. Cela pourrait expliquer la perception de certaines personnes qui croyaient à tort qu’ils avaient sous les yeux un panneau publicitaire numérique non interactif.

Par ailleurs, les habitudes des gens sont difficiles à changer. Quand on voit un écran interactif, on a tout de suite le réflexe qu’on a avec nos téléphones intelligents et nos tablettes: toucher. Nous avons pu observer des gens essayer de déplacer le gros curseur en touchant la surface de l’écran. Évidemment, ils n’étaient pas à bonne distance, donc ça ne fonctionnait pas bien. Même à distance, nous avons pu observer des gens qui faisaient le geste d’appuyer pour sélectionner une option. Mais le mouvement de la main déplaçait le curseur en dehors de la cible plutôt que de confirmer le choix de l’utilisateur. Il est important de bien communiquer le mode d’interaction.

Nous conseillons:

Quelques instructions non intrusives devraient inciter les passagers à interagir avec l’écran et leur montrer le mode d’interaction approprié.

Présentation des informations à l’écran

Par ailleurs, la manière d’afficher l’information peut parfois poser problème aux usagers. Les informations les plus pertinentes pour le passager se retrouvent complètement en haut du panneau. Étant donné qu’il faut être assez proche pour pouvoir interagir, il faut à tout coup lever la tête et adopter une posture inconfortable pour pouvoir lire ces informations. Et c’est d’autant plus un problème que lorsque la personne n’est pas grande!

De plus, le fait d’afficher l’heure du prochain passage, plutôt que le temps restant, force les personnes à faire le calcul elles-mêmes. Pour ce faire, elles doivent trouver l’heure qu’il est et la comparer avec l’heure du passage. Étant donné que l’information à l’écran change continuellement, il est souvent difficile de compléter le calcul avant que l’information ne disparaisse!

Nous conseillons:

Positionner les informations les plus pertinentes à hauteur d’yeux. Afficher le temps à attendre avant le prochain passage.

Une carte statique

Il est important de rassurer l’usager néophyte que l’autobus qu’il s’apprête à prendre l’amènera à destination. Lorsque nous avons fait l’essai à l’arrêt du n° 161 au métro Rosemont, la carte ne permettait de visualiser seulement qu’une partie du trajet. Il n’était pas possible de déplacer la carte pour voir la suite du parcours. Il était également difficile de repérer le trajet de l’autobus sur la carte, parce que celui-ci se confondait avec les trajets des autres lignes.

Nous conseillons:

Mettre plus en évidence le trajet d’autobus sur la carte. Eventuellement, permettre l’interaction avec celle-ci.

Quelques problèmes d’interactions

La navigation dans le système se fait plutôt difficilement. Il faut éviter les mouvements brusques, parce que le curseur est très sensible et imprécis; il faut lever un seul bras à la fois et il est important de s’assurer que notre sac ou notre sacoche ne soit pas trop en avant pour éviter toute interférence avec le système. Pour sélectionner une option, il faut s’immobiliser complètement pendant plusieurs secondes, sans quoi l’action n’est pas enregistrée.

Nous conseillons:

Évaluer des modèles de navigation qui ne requièrent pas de précision. Par exemple, balayer la main horizontalement ou verticalement pour passer d’un écran à l’autre.

Pour conclure, nous tenons à saluer le travail d’innovation réalisé par la STM et ses partenaires. Cet abribus n’a pas seulement été conçu dans l’idée de lancer les transports à Montréal dans le 21e siècle, mais il l’a été avec l’idée d’un design durable qui est fait pour évoluer. Nous avons très hâte de voir l’intégration des horaires en temps réel suite à l’installation de puces GPS sur les divers trajets. Il ne manquera plus que l’affichage de l’état du réseau (bus et métro) et les passagers pourront se montrer fiers de se voir offrir un service d’une qualité aussi compétitive à l’échelle mondiale!

Ce blogue a été écrit par Émilie Bonnier et Louis-Thomas Plamondon

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