Yu Blogue

Nos dernières réflexions

Un tiers monde autodidacte
10
Fév 2010

Un tiers monde autodidacte

Je suis de retour depuis peu d’une visite en Inde, pays d’origine de mes parents avant qu’ils n’immigrent au Canada. Ce voyage fut enrichissant à plusieurs égards. Les innombrables découvertes que j’y ai faites sont parsemées d’aspects économiques et technologiques qui pourraient intéresser nos lecteurs. Si vous êtes un grand voyageur, vous les verrez probablement comme des anecdotes de voyage et je vous encourage à partager avec nous vos expériences dans cette partie du monde.

Alors que la majorité des villes indiennes sont de plus en plus occidentalisées et que le pays a la réputation d’être devenu le berceau du développement technologique, la prolifération des technologies a débordé des villes jusque dans les campagnes rurales et même dans les fermes éloignées. Laissez-moi vous en dresser un portrait : imaginez un jeune ouvrier agricole indien, torse nu, les jambes drapées d’une jupe en tissu. Il monte un des taureaux de la famille, l’amenant lentement de l’autre côté du village. Dans une main, il a une baguette en bois qu’il utilise pour conduire le taureau dans la bonne direction, et dans l’autre main, un téléphone cellulaire.

En dépit de ma compréhension limitée de sa langue, je comprends qu’il discute des travaux de la ferme. C’est le genre d’images vivaces dont j’ai été le témoin dans cette campagne éloignée du nord-est de l’Inde. La scène se passe dans une plantation de canne à sucre sans électricité garantie, sans canalisation d’eau (ni eau chaude d’ailleurs!), mais avec deux petites tours de téléphonie cellulaire.

Le tiers monde est en train de faire un bon en avant collectif de 100 ans en développement technologique. Lorsque nous tentions de faire évoluer nos automobiles voraces en essence, nos téléphones à roulettes et nos ordinateurs à tube vacuum vers notre monde de technologie actuelle, le fruit de notre avance s’est mondialisé.

Cet enfant est passé directement d’une situation où il n’avait accès ni à un téléphone, et ni à une ligne de communication, au téléphone cellulaire. Dans un futur proche, je peux imaginer ces enfants du tiers monde s’engager dans des technologies leur donnant accès à leur courriel et à l’exploration du Web (peut-être même que le iPad est une étape dans cette direction d’interface simplifiée donnant accès à Internet?). Plusieurs parlent de la division digitale comme un problème émergeant de notre monde déjà assez débalancé. J’affirmerai que cette division sera comblée par la mondialisation de nos technologies les plus modernes, efficientes et abordables.

Qu’est-ce qu’un accès Internet veut dire pour les gens des campagnes rurales et les citoyens du tiers monde? Malgré les tentatives infructueuses de créer un système d’éducation structuré et organisé (J’ai visité plusieurs écoles rurales indiennes), on note un manque évident d’enseignants engagés qui possèdent une connaissance et des compétences de niveau international. Des anecdotes sont sans arrêt racontées de parenté intelligente ayant réussi à sortir du tiers monde. Et ces histoires ont engendré une génération de jeunes enfants de zones rurales possédant une intelligence et une passion sans borne pour l’éducation, ce qui est paradoxalement devenu rare dans notre monde développé.

La lumière que j’ai vue dans les yeux de cette jeune villageoise de 8 ans qui étudiait l’anglais et la biologie dans des livres, 12 heures par jour de son plein gré, en dit long sur sa détermination à vouloir changer son destin. Son intention claire et ferme de devenir médecin et de déménager à l’étranger est un contraste brutal avec les intérêts d’une jeune enfant du même âge dans le monde développé. La fluidité de sa conversation en anglais avec moi, anglais, qu’elle a d’ailleurs auto appris représente un premier pas bien calculé de son village éloigné à la scéne mondiale.

Au fur et à mesure que les technologies mobiles se développent et que ces jeunes enfants de la campagne ont accès à la richesse des informations disponibles sur Internet, il est fort possible que cet appétit bouillonnant pour l’éducation sera satisfaite par l’auto apprentissage. Le potentiel pas encore mis en valeur des travailleurs ingénieux et non éduqués rencontrés dans les moulins des cannes à sucre à proximité du village pourrait être mis à profit avec l’arrivée des technologies de l’information. L’arrivée sur le marché de populations du tiers monde technologiquement avancées, auto-apprenantes et déterminées peuvent être renversantes et avoir des conséquences sur notre économie, particulièrement dans le contexte de baisse économique vécue ces derniers dix ans.

Comment allons-nous nous préparer à l’assaut de ces nouveaux talents? La première question est très égoïste: comment pouvons nous être compétitifs et renforcer nos compétences et nos expériences uniques ? Plus important encore, comment pouvons-nous altérer nos systèmes économiques et nos exigences afin d’évaluer et embrasser ces personnes talentueuses, tout en sachant qu’elles ont la capacité d’aider à résoudre des problèmes mondiaux en dépit de leur manque de diplômes universitaires et d’attestations officielles?

Les mots clés ne sont pas définis.

0 Commentaire(s)

Laisser un commentaire