Alors, Google+… Vous l’aviez vu venir?
Avez-vous remarqué une certaine tendance dans les dernières versions de Google? Google Wave, Google Buzz et maintenant Google+ – autant de tentatives pour percer dans les médias sociaux. Ici, chez Yu Centrik, nous avons expérimenté avec chacun de ces trois outils, histoire de se faire une idée de leur intention. Pour la première fois avec Google+, nous avons une réponse indéniable à ce questionnement.
Bien sûr, Google+ permet d’ajouter et de suivre ses amis, de partager du contenu, de gérer son profil et plus encore. Que cette nouvelle plate-forme soit clairement en compétition avec les Goliaths des médias sociaux que sont Facebook et Twitter nous fait presqu’oublier que Google est loin d’être un David. L’omniprésence de Gmail et l’approche marketing sur invitation seulement a permis à Google+ d’atteindre 10 millions d’utilisateurs curieux en deux semaines seulement.
Certains ont déjà prédit l’échec imminent du service, mais leurs arguments ne semblent pas tenir la route. Le magazine Forbes croit que le manque de support pour les groupes va sonner le glas des réseaux sociaux, faisant fi du succès de Twitter : un réseau social asymétrique sans contrainte présent presque partout dans le monde sans concept de « groupe ». Plusieurs semblent aussi ignorer la possibilité que Google+ ne vise tout simplement pas à battre Facebook sur son propre terrain. Au lieu de porter un jugement sur le dénouement, nous avons choisi d’investiguer la structure et l’interface afin de répondre à une simple question : que vise Google?
Google+ : à mi-chemin entre Facebook et Twitter
Quand on y regarde de plus près, la principale différence entre Google+ et Facebook est l’absence d’un système de communication directe. Ainsi, Google+ n’offre pas de messagerie directe ou de « mur » personnel. Il s’insère cependant dans un écosystème comprenant tous les autres succès de Google (Gmail, Gtalk, Calendar, Documents, Reader, etc.) maintenant intégrés à la barre de navigation supérieure du réseau Google+. On peut y voir un signe évident de son importance stratégique pour la compagnie. Douglas Edwards, un ancien de Google, croit d’ailleurs que la compagnie cherche un accès aux données sociales qui pourraient éventuellement être dirigées vers ses autres produits.
Le système permet aux utilisateurs d’établir des liens asymétriques dans un seul sens, tout comme Twitter permet de « suivre » un autre abonné. Toutefois, son approche plus complète des profils et de l’affichage distingue Google+ de Twitter. Un peu moins public que Facebook, un peu plus personnel que Twitter, Google+ semble vouloir se créer sa propre niche entre les deux géants. Il apporte la simplicité, la sécurité et l’emphase sur le contenu de Twitter à un réseau social personnel à la Facebook tout en y ajoutant une meilleure gestion de réseaux personnels multiples. Au lieu de débattreà savoir s’il pourra ou non supplanter ses compétiteurs, observons pendant lesprochains mois si cette niche existe vraiment.
G+ est conçu pour le partage de contenu
J’ai l’impression que Google+ est un système de média social conçu pour le partage de contenu. Rien d’extraordinaire, direz-vous, mais le concept est étonnamment sans précédent. Alors que des millions d’utilisateurs se sont appropriés Facebook et Twitter pour partager du contenu, aucun des deux services n’avait été conçu dans cette optique. Facebook a ajouté des fonctionnalités complètes de partage très tard dans son cycle de vie alors que Twitter n’offre que depuis peu des liens raccourcis et des listes. Dans les deux cas, les services se sont adaptés après coup aux comportements des utilisateurs. À l’opposé, Google+ a été conçu dès le départ en pensant au partage de contenu.
Le design de l’interface est un cocktail des bonnes idées des compétiteurs additionné de fonctionnalités qui permettent le partage d’une manière privée et ordonnée. On peut clairement y voir une réponse aux points faibles des autres réseaux sociaux, et l’interface raffinée de Google+ atteint une maturité sans précédent à cet égard. De plus, l’emphase sur le partage de contenu – une des raisons principales de l’engouement des utilisateurs – pourrait bien s’avérer une arme fatale dans le paysage des média sociaux. Ces points ressortent clairement lorsqu’on analyse les caractéristiques principales de Google+ : les cercles et les vidéo-bulles (hangouts).
Les Cercles permettent d’organiser vos contacts en groupes à l’aide de boites à cocher, ou encore par une interface glisser-déposer pour gérer plusieurs contacts en même temps. Avec les cercles, vous pouvez non seulement partager du contenu avec des groupes spécifiques de gens, vous pouvez également voir le contenu de ces mêmes groupes. Par exemple, si je partage un lien vers une nouvelle technologique ou un changement de statut avec mes collègues de Yu Centrik, seuls ces derniers auront accès à cette information. Sur leur interface Google+, l’information apparaitra seulement dans les cercles dans lesquelles ils m’auront placé. C’est une amélioration drastique en terme de réduction de bruit tout en donnant un bien meilleur contrôle sur le partage et la réception :un peu de Twitter, un peu de Facebook.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’organisation des cercles est privée, les rendant d’emblée plus utiles que les listes Twitter. Cette emphase sur la confidentialité, combinée aux réponses rapides de Google à ce sujet démontre bien ce qui semble être une attaque en règle sur le talon d’Achille de Facebook : la protection des données personnelles.
Les vidéo-bulles (Hangouts) sont un système de chat vidéo à plusieurs utilisateurs, un concept élaboré il y a presque 20 ans. Dans ce cas encore, l’innovation tient au fait que l’interface des vidéo-bulles est conçue pour le partage de contenu. Les utilisateurs de Google Talk y reconnaitront d’ailleurs la manière d’intégrer le partage au clavardage en direct. C’est cependant encore plus réussi dans les vidéo-bulles de Google+. Mon frère et moi nous échangeons des vidéos YouTube depuis des années, et l’ajout d’un lecteur YouTube partagé est un très bon exemple de design réellement centré sur l’utilisateur. Pour vous en convaincre, vous n’avez qu’à regarder sa réaction suite à notre première rencontre bulle! Ce concept est probablement la plus grande innovation de Google+; il n’y a rien de semblable sur Facebook, Twitter ou LinkedIn.
Après avoir utilisé l’interface Google+ pendant quelques jours, vous partagerez l’impression de Marcio Leibovitch, notre directeur de l’expérience utilisateur (un peu ironique, je sais…):
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