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19
Oct 2006

Changer la taille du texte dans les pages Web : un choix bien réfléchi

Depuis quelques années, on observe une présence grandissante de la fonction qui permet de changer la taille du texte d’une page Web. Elle est surtout présente dans les sites de nouvelles, où la quantité de texte est importante et où la lecture est le but principal de l’utilisateur.

Malgré l’existence de cette même fonction dans les fureteurs les plus populaires, le fait de la placer visuellement en évidence dans les pages est très apprécié, parce qu’elle accommode grandement les personnes ayant une difficulté de lecture.

Aujourd’hui, il n’existe pas de standard en tant que tel quant au format à suivre pour la représentation d’une telle fonction. Un tour rapide d’une dizaine de pages Web en différentes langues nous donne un aperçu de la variété des formats existants.

Au moment de choisir la représentation graphique et d’établir le comportement de cette fonctionnalité, le concepteur doit considérer quatre éléments
essentiels :

1) La nature, les besoins et les caractéristiques du public cible auquel cette fonctionnalité s’adresse :
Une fonctionnalité de changement de taille du texte a pour but d’offrir un confort de lecture aux utilisateurs. La lecture à l’écran devient difficile lorsque la personne n’a pas une vue parfaite. Les pathologies sont variées, allant de la presbytie commune et due au vieillissement, à des troubles de vision plus graves comme par exemple la vision périphérique ou la vision en tunnel. Pour quel niveau de lecture cette fonctionnalité sera-t-elle utile? Pour une vision en tunnel, il faudra permettre une diminution de la taille du texte équivalant à une police de caractères 5 ou 6, alors que pour un problème de vision périphérique, on peut parler d’une augmentation possible de 500% de la taille du texte. Sur les sites réellement destinés aux personnes ayant une déficience visuelle, il est possible d’augmenter et de diminuer le texte à l’infini et de changer la couleur du fond de l’écran et du texte. Dans la majorité des sites Web, la fonctionnalité d’augmentation ou de diminution du texte s’adresse aux utilisateurs ayant besoin de grossir un peu les caractères à l’écran et non aux personnes vivant avec une déficience visuelle. On comprend donc l’importance de bien prendre en considération les caractéristiques des utilisateurs du site.

2) Le comportement et la représentation visuelle :
Tout dépendant du but à atteindre, l’outil doit permettre d’agrandir et de diminuer la taille du texte avec la plus grande flexibilité possible. Si les changements sont limités à un nombre de tailles prédéterminées, nous recommandons de ne pas utiliser les boutons (+) et (-) mais plutôt les lettres qui représentent mieux le nombre d’agrandissements ou de diminutions possibles. Comme toute autre fonctionnalité offerte, il faut que l’effet résultant de l’utilisation de cette fonctionnalité ainsi que ses limites soient sans ambiguïté.

Voici quelques exemples :


On constate ici une forme de rétroaction lorsqu’un des items a été sélectionné.


Ici l’expression de la rétroaction peut être ambiguë : est-ce que c’est le petit A qui a été sélectionné (avec le fond bleu) ou le grand A (en gras) ?


Quel A est sélectionné ? Ce n’est pas assez évident.


Ici on se demande où on doit cliquer et quel élément a été sélectionné.


Ce type de représentation doit être utilisé lorsqu’on permet aux utilisateurs de modifier la taille sans limite. On doit favoriser l’utilisation du symbole (+) à droite, comme un rappel de dispositifs du monde réel où on peut augmenter et diminuer le volume, par exemple.


Ces modèles sont les moins compréhensibles.

3) « L’affordance » et la rétroaction :
Qu’importe le modèle choisi, l’utilisateur doit savoir où cliquer. Il faut aussi que les pictogrammes/lettres/images aient suffisamment d’incitation ou « d’affordance » comme c’est le cas des boutons cliquables. Certaines représentations offrent une seule possibilité (une augmentation, une diminution), d’autres offrent plusieurs variantes de tailles, d’où l’importance d’avoir une bonne rétroaction de l’état présent et une bonne incitation pour le rétablissement de la valeur par défaut.

4) La localisation :
Comme cette fonctionnalité est une aide à la lecture, il ne faut pas la cacher dans la page. Elle doit être évidente et visible afin de permettre un repérage immédiat par l’utilisateur.

Il est vrai que de façon générale une personne vivant avec une déficience visuelle aura déjà installé sur son ordinateur une suite de logiciels d’aide à la vision. Est-ce une raison pour ne pas s’en préoccuper ?

En conclusion, même s’il n’y a pas de standard, nous recommandons aux concepteurs de ne pas faire un choix arbitraire sur le type de modèle à appliquer. Chaque situation est différente et les choix de conception doivent toujours être justifiés.

PS : merci à Joëlle et à Chrystel pour la contribution à l’écriture de cet article.

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