Une récente initiative du gouvernement canadien visant à sonder les citoyens et à comprendre leur opinion à propos de la réforme électorale, a laissé place, et à juste titre, à une vague de consternation et de déception. Le sondage, disponible au public, dénote un décalage entre la manière dont les gens pensent et la façon dont on leur propose de s’exprimer.

En plus de ne pas être éduqué sur les nouveaux systèmes de vote, les gens ne sont pas en mesure d’exprimer librement leurs opinions au sujet de la réforme électorale. Les participants sont plutôt dirigés dans une façon de penser, et bien plus important, ne savent pas quel système électoral ils finissent par soutenir.

Toutefois, ce que je trouve le plus frustrant est l’apparition d’oppositions entre les « propositions complexes » et les « propositions compréhensibles ». Voici deux questions à propos desquelles je suis en désaccord:

« Un bulletin de vote devrait être facile à comprendre, même s’il fallait pour cela que les électeurs aient moins de possibilités d’exprimer leurs préférences. »

« Les bulletins de vote devraient être aussi simples que possible pour que tout le monde comprenne facilement comment voter OU les bulletins de vote devraient permettre à tous les électeurs d’exprimer leurs préférences en détail? »

Oui, vous avez bien lu—ces questions mutuellement exclusives créent en fait un problème dans l’esprit du participant: soit que le bulletin permettant à quelqu’un d’exprimer ses préférences ne peut pas être simple et compréhensible. En tant que designer passant son temps à simplifier des problèmes complexes, autant dire que je trouve ça ridicule.

Comprendre le modèle mental des gens autour d’un concept électoral et ce qu’on attend d’eux lors d’une participation de ce type nous permet de les orienter efficacement au moyen de concepts ou de systèmes inhabituels.

Comprendre le niveau de littératie des gens à propos d’un sujet permet également des libellés plus clairs et efficaces afin d’éliminer toute ambiguïté lorsqu’ils essayent de comprendre et de catégoriser l’information.

Le recours à des principes de base en design graphique, tel que la hiérarchie visuelle et le groupement d’éléments, permets d’éliminer l’ambiguïté si souvent présente dans les bulletins de votes maladroits.

Ne me dites pas qu’un bulletin devrait être compliqué. Complexe ne veut pas dire compliqué. Ce défi unique reflète parfaitement la manière dont nous cernons les problèmes pour lesquels nous devons concevoir une solution. En tant que designer, j’aimerai avoir la chance de créer en tout confiance un bulletin simple, clair et intelligent—une des choses les plus importantes avec lesquelles un citoyen interagit.