Lors du “Spring Forward” Apple dévoilait ses nouveautés: Apple Watch, nouveau MacBook 12”, HBO GO avec le Apple TV… Une de ses nouveautés qui attire moins l’attention, sans toutefois être anodine mais qui nous intrigue, ResearchKit.

Apple aurait lancé une recherche, auprès de 12 institutions leaders mondiaux en recherches médicales afin de mieux comprendre comment ils mènent leurs études cliniques, identifier leurs besoins futurs, leurs freins et leurs protocoles de recherche. Quelques unes des difficultés identifiées par ces institutions sont :

• la capacité à rejoindre un très grand nombre de participants lors d’études longétudinales

• la qualité des profils des participants

• l’échantillon selon la géolocalisation

• et la fréquence des tests cliniques (« population bias— it’s a problem that arises when the population you’re studying doesn’t represent the entire population affected by the disease”.The Verge).

Les résultats de cette recherche auraient mené au développement de ResearchKit.

Mais qu’est-ce que ResearchKit?

ResearchKit c’est un cadre logiciel (framework) qui permet à n’importe quel chercheur de lancer une étude par le biais d’une application iOS auprès de plusieurs milliers de personnes, à travers le monde. L’application en question demanderait aux participants d’effectuer certaines tâches et les données récoltées seraient transmises en temps réel, et de façon sécuritaire. C’est le principe du monitoring à distance.

Ce kit est constitué de différents modules, qui peuvent être personnalisés ou non selon les besoins de l’étude (modules de sondages, formulaires de consentement et tâches physiques). Quatre catégories de modules de tâches sont actuellement en place: activités motrices, mise en forme, exercices cognitifs et voix toutes communiquant par les senseurs du iPhone ou de la Apple Watch. Certaines fonctionnalités de suivi comme le pédomètre doivent être développées avec l’API de HealthKit.

Pour le lancement de ResearchKit, cinq applications ont été développées en partenariat, entre autres, avec le département de médecine de l’Université Stanford, l’Université d’Oxford, Sage Bionetworks et l’Université de Rochester. Voici comment ces applications ont tiré avantage des différents modules :

Maladie de Parkinson:

L’application mesure la dextérité, la démarche et la balance du corps, ainsi que la mémoire. C’est certainement l’application qui utilise le plus grand nombre de senseurs jusqu’à maintenant.

Diabète:

L’application mesure les mouvements quotidiens, grâce à l’accéléromètre et le gyroscope, et compare le niveau d’activité et le niveau de glucose dans le sang.

Maladie Cardiovasculaire:

Permet de comprendre les habitudes de vie des gens, l’étude vise à mettre en parallèle les habitudes de vie et les risques de maladies cardiovasculaires.

Asthme:

Utilisant le GPS, l’application cherche à comprendre les déclencheurs d’une crise d’asthme chez les participants en analysant le milieu dans lequel il se trouve. Le niveau de qualité de l’air est analysé par la ville et les données sont retransmises à l’application directement.

Cancer du sein:

L’application pour le cancer du sein étudie les effets à long terme des traitements de chimiothérapie. L’application se concentre sur des informations plus qualitatives avec les modules de sondages.

Commodité et éthique

Plusieurs personnes vivant avec des pathologies qui nécessitent des visites fréquentes en clinique et qui doivent faire face à des déplacements fastidieux seront probablement favorables à être suivies à distance par leur mobile (je pense en particulier aux personnes, qui vivant dans un climat d’hiver comme le nôtre peuvent perdre une journée de temps en déplacement et en attente en clinique).

Cette initiative s’introduit bien dans la volonté de Apple de devenir un leader dans le domaine de la santé et le lien est vite fait entre le HealthKit lancé l’an passé et la Apple Watch.

Plusieurs questions fondamentales sont posées relativement à l’éthique vis-à-vis du patient.

Même si les participants consentent à participer à ces études, des mesures strictes sur la protection des données doivent être systématiquement mis en place pour a) s’assurer que les participants comprennent bien qu’ils donnent accès à leurs infos personnelles, et b) pour protéger la diffusion et l’utilisation de ces données dans un autre cadre que celui de l’étude. Qui aura le droit de lancer une étude avec ResearchKit? Est-ce que n’importe qui pourra faire n’importe quoi ?

Devant la prolifération d’apps mobiles touchant à la santé, la FDA aux Etats-Unis, entre-autres,  a renforcé son pouvoir de discrétion pour amener un peu plus de clarté entre les apps sur la santé et celles qui font un suivi médical: diagnostic de maladies ou de conditions, de traitement ou de prévention d’une maladie. Ce dernier sera soumis à des exigences réglementaires.

Beaucoup de questions restent sans réponses encore, il va être intéressant de suivre l’évolution de ResearchKit dans l’environnement Apple, particulièrement sur le AppStore dans les mois futurs.