Quand il s’agit de tests à distance et que les participants sont des enfants de 9 à 12 ans, voici 5 éléments auxquels faire attention.
1. Plus on se voit, mieux c’est
Toute la beauté des tests à distance est de pouvoir être chez soi, confortablement installé sans avoir le stress d’un environnement nouveau sur lequel on a peu de contrôle.
Un stress de moins quand les participants sont des enfants. Mais ça n’est toutefois pas suffisant.
L’interaction doit être plus humaine et plus visuelle: la webcam aide à discuter de manière plus fluide et à créer un lien de confiance et de complicité avec les enfants, ce que l’audio ne permet pas.
Lors d’un test d’utilisabilité, nous avons activé la webcam au début de l’entrevue pour dire bonjour à l’enfant et se présenter puis nous l’avons arrêtée pour qu’il se concentre sur la tâche.
Erreur. Il est beaucoup plus facile de retenir son attention si l’on se voit et ça le rassure de savoir qu’il n’est pas seul derrière un écran à écouter une voix qui leur donne des tâches à faire.
Du côté du modérateur, en voyant l’environnement de l’enfant ou de l’adolescent (une partie de sa chambre, les posters accrochés au mur par exemple), il peut plus facilement créer un lien et rendre le scénario d’une tâche plus crédible.
Ex: au lieu de « Imagine que tu as prévu de voir un spectacle avec tes parents » deviendrait « Imagine que tu vas voir un match de tennis » (si des posters de Roger Federrer sont accrochés au mur par exemple), en notant que cela ne biaise pas le processus de la tâche et les résultats souhaités.
2. Décoder leur langage
À interviewer des adultes, on aurait tendance à croire que les enfants vont comprendre toutes nos questions et seront aussi loquaces voire plus directs dans leur commentaires.
C’est totalement l’inverse et nombre d’articles traitent la question: non, les enfants ne comprendront pas toujours ce qu’on leur demande (et n’oseront pas tout le temps nous le dire), oui, ils pourront nous dérouter par leur peu de commentaire et oui, ils voudront nous faire davantage plaisir que des adultes.
Plusieurs stratégies dans ce cas:
– Soyez simples et brefs dans vos directives: les scénarios doivent avoir un but précis et un seul.
– Demander à ce qu’ils reformulent la tâche dans leur propre mot: s’assurer de savoir s’ils ont bien compris le scénario.
– Évitez les questions fermées qui requièrent seulement une réponse (oui/non) mais ouvrez le dialogue et utilisez plutôt des questions qui incitent à argumenter et peuvent servir de relance: « Pourquoi…? Que penses-tu de…? Que pourrait-on faire pour améliorer les choses selon toi…? »
– Lorsque vous pointez des choses à l’écran, soyez précis, surtout pour des tests à distance. « En haut à droite de l’écran, il y a une image. Sous cette image, il y a un texte qui dit…Le vois-tu? »
– Changer le ton de langage selon l’âge de l’enfant: un ton “enveloppant” pour un enfant de 9 ans sera jugé condescendant pour un enfant de 11 ans.
– Il peut y avoir probablement des termes à l’écran qui ne seront pas compris par les participants. N’hésitez pas à tester les termes utilisés même s’ils vous semblent explicites. Vous pourriez avoir des surprises.
Ca permettra d’infirmer ou de valider la terminologie actuelle de l’application et surtout savoir quels termes seront à privilégier pour l’application future.
3. Faire d’eux nos acolytes
Lorsqu’ils ne répondent pas, qu’ils hésitent et qu’ils n’ont pas l’air trop sûrs de ce qu’ils doivent dire, faites comme si vous ne compreniez pas et que vous aviez besoin de leur aide (sans toutefois leur sembler peu crédibles).
Ex: « Je ne comprends pas ce qu’ils veulent dire ici <…>, tu comprends toi? »
4. Des kaïds de la technologie?
Oui ils sont nés avec une wii dans la main mais il ne faut pas non plus surestimer leurs capacités à faire fonctionner la technologie.
La présence des parents est un précieux atout en cas de problème technique.
5. Tourner ça en jeu: « Ça te dirait qu’on fasse une mission? »
Dans son article « Teenage Usability: Designing Teen-Targeted Websites », Hoa Loranger et Jakob Nielsen mentionnent que le niveau de lecture, de patience et de recherche est moindres chez les enfants(1). Il est donc important de les encourager, de les motiver.
– S’assurer d’avoir d’abord leur attention: poser des questions en mentionnant leur prénom par exemple « Lisa, comment tu pourrais trouver cette information? Peux-tu me montrer à l’écran? »
– Transformer la tâche en une quête importante: si l’enfant a commencé la tâche et ne sait plus trop quoi faire, faire des relances: « Qu’est-ce qu’on devrait faire ensuite selon toi? …D’accord, faisons ça. »
– Faire que les tests ne durent pas plus de 45 minutes.
Sans oublier…
On ne dira jamais assez combien il est important d’obtenir le consentement des parents pour les tests avec des mineurs afin d’assurer une intégrité de l’entreprise qui effectue les entrevues.
Il est aussi essentiel que les parents soient présents pendant l’initiation de l’entrevue et par la suite, dans une autre pièce pour ne pas influencer les commentaires de l’enfant mais toujours à proximité en cas de besoin.
Blogue original: https://yucentrik.ca/fr/blogue/2013-09-30/tests-dutilisabilite-a-distance-avec-des-enfants/
Sources:
http://blog.usabilla.com/usability-testing-with-children-a-lesson-from-p…
http://fr.slideshare.net/di8it/8-guidelines-for-usability-testing-with-c…
http://www.nngroup.com/articles/usability-of-websites-for-teenagers/
(1) »Lower reading levels, impatience, and undeveloped research skills reduce teens’ task success and require simple, relatable sites. » (Nielsen)
http://www.askdrsears.com/topics/discipline-behavior/25-ways-talk-so-chi…
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