Le site web amène avec lui son bagage d’attentes et d’anticipations, la promesse d’une nouvelle façon de s’évader. On nous dit que du moment où on réserve son billet jusqu’à l’accueil chaleureux à bord, Air Canada rouge nous offre une nouvelle façon de prendre ses vacances. Le message nous invite à profiter des cabines nouvellement conçues et qu’on n’aura jamais fait un voyage d’agrément comme ça! Le concept du BYOD (Bring Your Own Device) est une obligation sur ces vols. On clame les tarifs abordables et le fait que peu importe comment vous voyagez, vous accumulez des milles Aéroplan.

Le déclencheur évidemment, les destinations: enfin des vols directs vers des lieux où le transporteur ne se rendait pas: Montréal-Nice, Montréal-Barcelone, Montréal-Venise, Lisbonne, Manchester… On est prêt quelquefois à mettre en sourdine des attentes de confort pour éviter un transit d’aéroport. L’économie de voyager avec Canada Rouge sur une destination Montréal-Nice est d’environ 100$ à 200$ sur le tarif habituel.

Expérience de réservations en ligne sans problème en autant qu’on reste dans une réservation standard.  Pas de problèmes du côté de la transaction, à part le fait que Air Canada ainsi que la majorité des autres transporteurs n’a pas encore intégré dans son système de réservation certaines spécificités du voyage à deux. Lorsqu’on possède des cartes de crédit séparées avec les assurances qui vont avec, on doit acheter son billet séparément, donc deux billets à deux noms différents, en utilisant deux cartes de crédit séparées. S’en suit une préparation logistique pour acheter le même billet, au même tarif et assis l’un à côté de l’autre. On se synchronise avec deux ordinateurs et on commence la démarche de réservation pour se rendre compte que l’un voit des sièges qui ne sont pas disponibles sur l’écran de l’autre. La raison? Une classe de membre Aéroplan différent. Comme il est impossible de réserver deux sièges voisins, seul un appel au service de réservation clients permet de régler cette situation.

Détenteur d’une carte Aéroplan, attention sur Rouge vous n’obtiendrez peut-être pas le nombre de milles habituels, ils peuvent être diminués. Essayez de comprendre ce texte: « Le nombre minimal de milles accumulés selon la distance parcourue à bord de vols admissibles exploités par Air Canada et Air Canada Express (les vols d’Air Canada rouge ne sont pas admissible). Petite zone d’ambiguïté ici.

Les cabines nouvellement conçues, vraiment? Sur la destination Montréal-Nice, il est clair que Air Canada a trouvé une façon de recycler ses vieux avions. L’espace pour les jambes est de type « sardine », il suffit de plus que le passager en avant incline son siège pour ne plus pouvoir bouger ni ramasser quelque chose qui vient de tomber par terre (lire le blogue sur la polémique sur ce sujet). De façon évidente, les nouvelles cabines ne font pas partie de cette destination, ni selon des amis sur Barcelone ou Las Vegas. Donc on se demande où sont les cabines d’agrément nommées sur le site web?

Divertissement à bord avec le principe du BYOD. De plus en plus de compagnies aériennes adoptent cette nouvelle façon de se divertir, vous amenez avec vous votre dispositif mobile (iOS pour l’instant avec Canada Rouge) ou vous le louez à bord pour 10$. Pour accéder au système de divertissement à bord, il faut télécharger l’application à l’avance et s’assurer d’être en mode Avion. Comme plusieurs passagers ne savent pas comment télécharger l’app. ni mettre le mode Avion, le personnel de bord passe pas mal de temps à expliquer comment configurer son appareil mobile pour accéder au système de divertissement. Il serait peut-être profitable d’offrir une bonne connexion sans fil aux passagers lors de l’attente de l’embarquement afin de leur permettre de télécharger l’application en question et les instruire sur le fonctionnement.

Le système de vidéo sur demande à bord de Canada Rouge offre très peu de choix, pas grandes nouveautés et à peu près 4-5 films par catégories quelquefois un peu plus selon les genres. À certains moments et probablement à cause de l’instabilité du sans fil à bord, le film « débarque» et il faut recommencer tout le processus depuis le début de l’app. pour retrouver son film. De même lorsqu’on pause le film il semble difficile de reprendre le visionnement à l’endroit de l’arrêt. Autre frustration supplémentaire, il est impossible de suivre en direct le trajet effectué par l’avion ni d’être informé sur le temps restant sur sa destination, ce service n’est pas offert. La navigation dans les catégories est déficiente, elle ne permet pas de retourner rapidement aux genres, le passage au menu principal est obligé pour chaque pré-visionnement de films, pas de bouton précédent.

Il y a tout un débat présentement sur le concept du BYOD. Si les études montrent que de plus en plus de passagers apportent avec eux, téléphones intelligents, tablettes et ordinateurs portables, plusieurs se plaignent du manque d’infrastructure à bord pour les accommoder. L’utilisation d’un dispositif mobile pour visionner un film ou deux aura pour effet de décharger celui-ci en quelques heures. Impossible de recharger à bord, pas de prise électrique, il faut donc être très prévoyant pour les vols longue durée et amener son chargeur de batterie.

Selon une étude réalisée pour les compagnies aériennes par la firme de recherche marketing Osurv sur les tendances de l’apport de son propre dispositif à bord, le principe du BYOD et du divertissement de vidéo sur demande sans fil et le concept le plus payant depuis l’ajout de frais sur les bagages et de repas. Toutefois, beaucoup de passagers aiment quand même le concept du mode relax (seat-back) où l’on est prédisposé au divertissement et à regarder devant soi à hauteur des yeux plutôt que de tenir son dispositif à une hauteur plus basse, ce qui est on doit l’avouer est pas mal moins confortable au niveau du cou. Sinon il faudrait prévoir des supports pour tablettes à accrocher sur le dossier avant, ce qui aurait pour effet de probablement causer des problèmes de la sécurité des passagers. Bref, une autre réflexion à entamer. Dans cette étude, plusieurs passagers affirment aussi que lorsqu’on amène son propre dispositif on s’attend à obtenir une forme quelconque de compensation, d’économie ou l’obtention de plus de milles, etc.

Aux États-Unis, la FAA en autorisant l’apport de dispositifs électroniques à bord a créé beaucoup de questionnements vis-à-vis la sécurité à bord, comme celle relatif aux interférences du mode avion. Comment savoir si tous les passagers ont activé celui-ci on ne peut pas passer tout le monde au peigne fin… Lire l’article en question.

Il semble que la logistique et le support relatif à l’apport de son propre dispositif n’est pas tout à fait rôdé sur Air Canada Rouge et le personnel de bord joue le rôle du soutien technique. S’en suit une répétition infernale d’appels de passagers en mal de problèmes techniques qui ont besoin de dépannage (ding, ding!). Est-ce que ça fait partie de la description de tâches des agents de bord?

Propreté à bord très moyenne. Photos à l’appui, la destination aller-retour Montréal-Nice a subi un nettoyage très superficiel. Des papiers d’emballages, noix et céréales sont encore sur le sol alors que de nouveaux passagers montent à bord. Les toilettes sont vieillottes, certaines parties tiennent avec du fil de fer, et les poubelles ne semblent pas avoir été vidées; après 1 heure de vol elles sont pleines.

Nourriture à bord: repas chaud offert, boissons alcoolisées payantes, rien de neuf sur ce sujet.

Personnel de bord. Jeune, dynamique et agréable et qui fait tout son possible pour agrémenter le vol. Ont-ils suivi une formation technique pour dépanner les passagers apportant leurs propres dispositifs? Non, me dit-on, leur formation est essentiellement axée sur la sécurité, certains sont plus tekky que d’autres et peuvent dépanner.

Promesse remplie avec Air Canada Rouge? Malheureusement pas.