L’industrie de la santé vit présentement un «tsunami» technologique qui bouleverse les façons de faire. C’est le constat auquel nous arrivons à notre retour de la conférence Mobile Healthcare Summit 2013, qui avait lieu à Toronto, le 30 et 31 janvier 2013. Nous présentons ici le troisième et dernier billet d’une série dédiée sur le sujet de la santé mobile.
Sans innovation, point de salut
Lors du Mobile Health Summit, nous avons pu constater à quel point un nombre élevé de solutions mobiles créées à l’interne avaient été réalisées dans un contexte difficile, avec très peu de support et de moyens. Bon nombre d’applications mobiles sont ainsi développées en mode «guérilla», la plupart du temps à l’initiative d’un médecin particulièrement visionnaire et dynamique qui souhaite régler un problème concret dans son propre département. Rares, en effet, sont les centres hospitaliers qui supportent véritablement l’innovation chez ses employés. Or c’est précisément en prônant le goût de l’innovation que le Boston Children’s Hospital a pu se hisser au premier rang des hopitaux pour enfants selon
le classement du US News.
La responsable de l’innovation du Children’s Hospital de Boston Naomi Fried a profité de sa présentation pour expliquer la démarche entreprise dans son hôpital. Tout d’abord, elle et son équipe ont mis en place une initiative qu’ils appellent le «cycle de vie de l’innovation» (Innovation Lifecycle), auquel tous les employés – gestionnaires, médecins, infirimières… – sont encouragés à adhérer. Selon cette initiative, tout le monde est en quelque sorte un inventeur potentiel et doit donc être dans un état d’esprit constant de recherche d’opportunités d’améliorations. Selon Naomi Fried, l’une des clés pour trouver des idées créatives est d’encourager la prise de risque, de faire en sorte que les employés n’aient pas peur d’envisager de nouvelles solutions, quitte à se tromper. C’est pourquoi l’hôpital a mis en place un programme de récompense, le «Fastrack Innovation in Technology (FIT) Award». Par ce programme, un comité d’experts sélectionne les idées les plus prometteuses des employés et donne ensuite les ressources à ceux-ci pour qu’ils puissent concrétiser leur projet.
C’est grâce à ce programme de valorisation de l’innovation que plusieurs applications mobiles imaginées par les employées du Boston Children’s hospital ont pu être réalisées. Parmi celles-ci, trois nous sont apparues particulièrement intéressantes. Tout d’abord, l’application «Beapper», un outil de communication interne inspiré de Twitter (
voir la vidéo). Avec cette application pour téléphones intelligents, les infirmières et les médecins peuvent communiquer efficacement et font moins d’erreurs dues aux interruptions, car les échanges avec leurs collègues sont visibles à tout moment et ne dépendent donc pas uniquement de leur propre mémoire (une belle illustration du concept de
cognition distribuée). L’application «
My Way», quant à elle, répond à un autre besoin bien réel : il s’agit d’un outil de géolocalisation permettant de trouver son chemin à l’intérieur de l’hôpital. Avec cette application, tout patient muni d’un appareil intelligent peut se faire guider en temps réel et avec précision à travers l’immense centre hospitalier vers son prochain rendez-vous. Une troisième application, «My Passport» pour iPad, agit en quelque sorte comme un outil d’accompagnement pour le patient et sa famille. Parfaite illustration du courant actuel des soins centrés sur le patient (voir le billet précédent), «My Passport» permet au patient de visualiser les résultats de ses différents examens, de faire le suivi de l’avancement des différentes étapes du traitement, de consulter la fiche – avec photo – de chaque membre du personnel assigné au patient, et de poser à tout moment des questions aux infirmières. Ces trois applications ne sont en fait qu’un échantillon des produits développés par le Boston Children’s Hospital. Selon Naomi Fried, pas moins de 75 applications ont ainsi été conçues et sont utilisées quotidiennement dans 19 départements de l’hôpital…
Bien entendu, les ressources considérables du Boston Children’s Hospital ne sont pas étrangères à sa capacité d’innover. Nous croyons toutefois que ce ne sont pas les moyens financiers mais bien cette culture de l’innovation, encouragée à travers les différents niveaux hiérarchiques et départements de l’hôpital, qui fait de celle-ci une chef-de-file dans son domaine. À l’heure où la technologie devient de plus en plus accessible et que les besoins en santé croissent de façon exponentielle, l’emphase sur l’innovation, telle qu’appliquée au Boston Children’s Hospital, nous apparait à la fois comme une idée séduisante et une nécessité.
0 Commentaire(s)