L’un des principes fondamentaux de la conception UX est d’attribuer la bonne tâche à la bonne personne ou au bon système.
Le calcul mathématique en est l’exemple classique. Les machines sont bien plus performants que l’être humain pour calculer; c’est pourquoi nous les laissons faire des calculs mathématiques au lieu de forcer un utilisateur à accomplir cette tâche ardue. D’un autre côté, l’être humain semble plus habile qu’un ordinateur pour des tâches qui nécessitent du jugement ou de l’interprétation.
Il y a une zone grise entre les points forts de l’être humain et ceux d’une machine. C’est dans cette zone que les concepteurs cherchent de plus en plus à innover et à se différencier de la concurrence: ils tentent d’automatiser des fonctionnalités “borderline” et les résultats ne sont pas toujours très concluants.
Mon nouveau système haute définition Home cinema en est un exemple. Lorsque j’allume mon lecteur Blu-Ray, la norme HDMI semble exiger que mon récepteur et le téléviseur s’allument automatiquement. Mais cette fonctionalité est loin d’être automatique ni très “intelligente”.
En réalité, lorsque le Blu-Ray est activé, les autres composants s’allument parfois automatiquement mais parfois non. Il y a un décalage de 5 à 15 secondes avant que je sache vraiment ce qu’ils sont d’humeur à faire ce jour-là. Quand je pense allumer mon téléviseur, la moitié du temps je découvre que je suis en train de l’éteindre. Ce qui a parfois aussi comme effet d’éteindre mon Blu-Ray – une autre option “intelligente” qui n’avait pas été prévue.
Je peux tourner en boucle et ce, à l’infini dans ce scénario de mauvaise communication “humain-machine” – une situation que les ingénieurs qui ont conçu cette norme ne prévoyaient pas quand ils se sont félicité d’avoir inclus autant d’intelligence dans l’interaction humain-ordinateur.
Cet exemple illustre la différence entre l’intelligence réelle et la pseudo-intelligence d’une interface. Si le système est réellement intelligent, il s’adapte de manière appropriée à la complexité des différents contextes d’utilisation. S’il s’agit d’un système pseudo-intelligent, il s’adapte de manière rigide et incohérente.
Nous pouvons créer des interfaces pseudo-intelligentes mais l’intelligence réelle d’une application au sens où nous l’avons décrite précédemment, reste tout un défi. Je pense que le principe général à adopter doit rester le serment d’Hippocrate: ne pas nuire. Une interface pseudo-intelligent peut finalement être pire que pas d’intelligence du tout.
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